C’est au musée Jacquemart-André que l’on peut admirer en ce moment les œuvres de Johann Heinrich Füssli, pasteur suisse devenu artiste et précurseur du romantisme noir. Des toiles nommées désir, comme un voyage dans l’imaginaire à la fois voluptueux et énigmatique du maître.
Si le pasteur Johann Heinrich Füssli n’avait pas troqué les prêches pour le dessin, nous n’aurions pas la chance d’admirer un travail pictural qui s’expose à point nommé dans le petit écrin qu’est le musée Jacquemart-André, à Paris. S’il pleut dehors, c’est encore mieux parce que le crachin automnal lui sied à merveille, il est une mise en ambiance nécessaire.
À n’en point douter, Füssli est un frustré. Très jeune, destiné à un avenir clérical, le dessin lui avait été interdit – ainsi soit-il ! Le jeune Heinrich profitait de ses nuits insomniaques pour noircir des feuilles et prendre sa revanche sur les diktats paternels.
On constate un intérêt pour l’esthétique antique, très présente au XVIIIe, qu’il s’amuse ici à associer avec une imagerie gothique. Sur cette même toile en effet, on retrouve la figure de la belle endormie, vêtue d’une robe drapée transparente : la jeune femme gît dans une position lascive sur un lit à baldaquin, les cheveux à la coiffure défaite.
Homme doublement frustré donc, aussi bien par le joug paternel dans son enfance que par les femmes à l’âge adulte, le peintre suisse fréquente assidûment les salles de théâtre à son arrivée à Londres, et se prend de passion pour les œuvres de Shakespeare : celles-ci même qu’il traduit en gravure et peinture, participeront à la création de son imaginaire.
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