À l’occasion des 120e anniversaire de la naissance de Georges Simenon (1903-1989), La Croix L’Hebdo se replonge dans l’œuvre de l’écrivain qui a traversé le XXe siècle. On se perd à dénombrer ses livres, tout comme leurs adaptations. Par ses atmosphères sombres et humides, son art du minimalisme et de la concision, à l’opposé de sa vie tissée d’excès en tous genres, cet inlassable graphomane s’est imposé comme l’entomologiste des âmes grises. Son œuvre demeure un miroir tendu à l’humanité où chacun de nous peut se reconnaître.
« Quelle alchimie intérieure a permis à Simenon de réaliser une œuvre aussi ample avec des matériaux aussi frustes ? »« peintre de l’ambiguïté, du désarroi et de la chute »« Simenon ne dénonce rien, et il ne propose rien. Il décrit. Il constate.
Il n’a pas la tête politique. Il n’est pas homme d’intrigues. Sa solitude lui convient, ses habitudes aussi. Il écrit, le reste n’est pas son affaire. Porté par son insatiable curiosité, il est trop occupé à humer, flairer, sentir, chercherdans sa vérité profonde et son misérable tas de secrets. Simenon a constaté sous toutes les latitudes que l’homme est partout le même.
« À Épalinges, dans cette usine à broyer la joie de vivre, Simenon disait avoir trouvé un sentiment réconfortant d’équilibre »À peine le croit-on enfin installé, il est déjà ailleurs. Mais que fuit-il donc ? Il récuse cette idée d’évasion forcenée, affirme qu’il n’est guidé que par sa curiosité : tout connaître, tout embrasser, tout comprendre.
« Il remet la housse sur la machine à écrire. Cinq mois plus tard, il appelle un journaliste de Lausanne et annonce qu’il n’écrira plus de romans…,C’est fini. Une vingtaine de volumes vont suivre mais ce seront des dictées au magnétophone. »« sans profession ». Cette longue confession, rédigée pour rejoindre sa fille perdue, comble le vide du dévoilement, interrompu quarante ans plus tôt, pendant la guerre, avec. La médecine venait de le déclarer condamné à court terme. Il s’était hâté de raconter sa vie pour son fils, Marc, alors âgé de 2 ans.
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