🚆 Avec les «prisonniers du rail» d’Ile-de-France : «Combien de fois le train part sous notre nez ?» Résignés, les travailleurs «de première ligne» racontent leurs galères, entre RER supprimés et retards quotidiens. Reportage Moran_Anais & mariepiquemal
«Ça peut faire tourner la tête, parfois, de regarder la route à l’envers. Je suis fatiguée, je n’ai pas besoin de ça.»
Il n’est même pas midi, ce lundi d’octobre, mais Hada a déjà les genoux qui flanchent et la tête farcie d’une journée trop remplie. Ses yeux sont brillants comme ceux d’un oiseau de nuit. Femme de ménage de 57 ans, elle est levée depuis 5 heures du matin. Elle a pris le premier métro pour aller nettoyer des bureaux chics aux Invalides, à Paris.
«J’évite ce bus ces jours-ci parce qu’il a de gros retards, mais là, je n’avais pas d’autre choix. J’ai voulu prendre le RER D à la gare du Nord : tout était bloqué à cause d’un problème de signalisation. J’ai pensé attraper le 54, pour récupérer le métro, mais… Vingt-trois minutes d’attente. Alors j’ai marché une demi-heure jusqu’à Porte de Clignancourt.